La prévention, premier soin contre Ebola

La prévention, premier soin contre Ebola

À Bulape, dans la province du Kasaï, c’est dans la maternité de l’Hôpital Général que les premiers signes de l’épidémie d’Ebola ont été détectés. Une patiente enceinte est arrivée avec des symptômes inhabituels : difficultés respiratoires, hémorragies. Juliette, sage-femme de garde, a accompagné la patiente et assisté à l’accouchement sans porter de gants. En manipulant la même aiguille utilisée sur la patiente, elle s’est accidentellement piquée. Quelques jours plus tard, elle est malheureusement décédée, tout comme la mère et le nouveau-né.

Antho, la responsable de la maternité, était également présente. Elle a aidé pendant la prise en charge en suivant des gestes simples qui lui ont permis d’éviter l’infection. 

« Non seulement je portais des gants, mais chaque fois que je touchais la patiente, je sortais et me lavais les mains avec de l’eau et du savon », explique-t-elle. Elle évoque aussi la perte de sa collègue avec émotion : « C’était dur de perdre Juliette. On travaillait ensemble depuis longtemps, et même dans les moments les plus difficiles, elle soutenait l’équipe. Son départ a laissé un grand vide. »

Le décès de Juliette a mis en évidence une vérité essentielle dans les situations d’urgence sanitaire, à savoir que la prévention et le contrôle des infections (PCI) sont incontournables pour sauver des vies. C’est autour de ce principe que s’est articulée la riposte, menée par le ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévention en collaboration avec l’OMS et les partenaires.

Les mesures de prévention et de contrôle des infections (PCI) ont été renforcées dans la maternité ainsi que dans l’ensemble de l’hôpital. Parmi elles, on compte le dépistage et le triage à l’entrée, des circuits séparés pour limiter les risques, une meilleure hygiène des mains, des injections sécurisées, un nettoyage régulier, des équipements de protection individuelle disponibles et une gestion rigoureuse des déchets.

Pour ancrer ces changements, un comité PCI a été instauré et les équipes formées. 75 hygiénistes, 32 infirmiers et 18 médecins de l’aire de santé de Dikolo ont reçu une formation pratique sur les gestes essentiels : triage, hygiène des mains, sécurité des injections, gestion des déchets, utilisation correcte des EPI, désinfection de l’environnement et accouchement sécurisé.

L’épidémie d’Ebola en cours dans le Kasaï a été déclarée le 4 septembre 2025, après la détection de 28 cas suspects et 15 décès, dont quatre parmi le personnel de santé. Depuis, la situation s’est stabilisée avec 53 cas confirmés, 34 décès et 11 cas probables enregistrés dans la zone de santé de Bulape.

Les soignants, mieux protégés, travaillent avec sérénité. Et Antho, chaque jour, veille à ce que chaque naissance soit un acte de vie, et non un risque : 

« Avant, on travaillait avec nos habitudes. Maintenant, on travaille avec des réflexes qui nous protègent. Je transmets ça à chaque nouvelle collègue », confie-t-elle, devenue ambassadrice de la PCI dans son hôpital.

Dans la cour de l’hôpital, Étienne Makashi Pongo, superviseur WASH de la zone de santé de Bulape, accompagne les équipes au quotidien. 

« La PCI, ce n’est pas pour compliquer le travail. C’est pour qu’on rentre tous chez nous le soir, en bonne santé », explique-t-il avec simplicité, soulignant l’impact direct de ces pratiques sur la sécurité du personnel.

L’OMS a renforcé son appui en évaluant les capacités en PCI de 16 structures de santé dans 10 des 21 zones de santé de Bulape, tout en élaborant des plans d’amélioration, et en fournissant un appui en supervision et en mentorat. L’Organisation a également fait don de 200 kits d’EPI, des kits PCI pour les structures de santé, 20 lits et matelas pour la pédiatrie, 100 chaises pour le bureau de zone de santé, un système d’eau sécurisé, et du matériel pour équiper durablement la maternité.

« Les accouchements ont repris dans un cadre qui garantit la sécurité des patients et celle des prestataires des soins. Les soignants renforcés en PCI observent les précautions standards et travaillent avec beaucoup de confiance. Les patientes n’ont plus peur de venir », indique avec satisfaction le Dr Justin-Marie Bongbango, responsable par intérim du pilier PCI pour l’OMS.

L’histoire de Bulape montre que la prévention n’est pas un luxe, mais une nécessité. Dans un contexte de réduction budgétaire et de défis logistiques, la PCI s’impose comme une stratégie durable, accessible et salvatrice.

Toujours en service à la maternité, Antho continue à assister les femmes pour donner la vie. Là où Ebola a commencé, la vie continue, plus sûre, accompagnée, mieux protégée. 

« Cette épreuve m’a appris que pour sauver les autres, il faut d’abord se protéger soi-même », confie-t-elle avec gravité.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
Email: dialloka [at] who.int (dialloka[at]who[dot]int)

René Koundou IFONO

Chargé de communication

OMS - République Centrafricaine

Email : ifonor [at] who.int (ifonor[at]who[dot]int)

Eugene Kabambi

Communications Officer

WHO DRC 

Tel : +243 81 715  1697
Office : +47 241 39 027
Email: kabambie [at] who.int (kabambie[at]who[dot]int)